Vérane Guérin "Cette fébrilité à construire, vite et sans concertation n'est pas bonne"
Article paru sur Var Matin le 26 Janvier 2012
Vérane Guerin, avant de se séparer de son chef de file Alain Mède, était juste une élue de l’opposition. Aujourd’hui, elle lui a ravi le leadership de la contestation.
Vous semblez en total désaccord avec le futur plan local d’urbanisme. Pourquoi ?
Car les espaces protégés ne vont plus l’être. Le long du littoral, la zone N (urbanisation interdite ou admise sous forme légère) va être sectionnée pour partie en N1 (secteur protégé où les constructions nouvelles sont interdites) et en N4 (zone qui n’admet que de l’habitat individuel dans lequel les constructions nouvelles sont interdites) et les propriétaires auront le droit de raser l’existant pour soi-disant reconstruire à l’identique. C’est la porte ouverte aux dérives. Pourquoi ne pas autoriser juste des rénovations ?
Vous semblez très suspicieuse ?
Sans doute au motif que beaucoup de travaux se font sans aucune autorisation, y compris sur le port au préjudice du domaine public. Je suis à la commission urbanisme et je vois les permis et autorisations. Il est également dommage qu’en couronne du centre-ville le cos (coefficient d’occupation au sol) augmente. Il parait que c’est à cause de la loi. Il n’empêche que la disparition prochaine des petits jardins est triste.
Si je comprends bien, il ne faut rien faire. Le village doit rester en l’état ?
Cette fébrilité à construire, vite et sans concertation n’est pas bonne.
Tenez, on a modifié le plan d’occupation des sols juste pour permettre au nouvel hôtel de Paris de disposer d’un étage supplémentaire. Est-ce normal ? Tout ça pour bénéficier d’une salle de cinéma minuscule.
Il faut donc stopper la construction des futurs logements ?
Ce n’est pas possible. Mais, là aussi, pourquoi ne pas avoir confié à la Semagest le dossier plutôt qu’à un privé ?
Du reste, avant d’élaborer un PLU, de lancer de tels chantiers, il fallait revoir le plan de circulation.
Vous avez une suggestion sur le sujet ?
Non. Mais c’est primordial.
Le volet investissement qui est important trouve-t-il grâce à vos yeux ?
En aucun cas. A l’heure où toutes les communes réduisent la voilure, nous augmentons la nôtre. L’État diminue ses dotations et la ville va dépenser quinze millions. Selon moi, rénover le lavoir n’est pas une priorité actuellement. D’autant que la modification du site me fait peur. Je suis pour que l’on garde le lieu en l’état. Cela ne valorisera pas le patrimoine.
Que faut-il faire alors ?
Anticiper. Préserver. Le charme du village c’est notre gagne-pain. Gardons des espaces verts. Mettons en place une politique prévoyant l’implantation de métiers de bouche à l’heure où ils disparaissent. Je pense au Saint-Tropez de demain. Or c’est tout le contraire en ce moment, on investit tous azimuts sans aucune concertation. Nous sommes passés de l’immobilisme sous l’ancienne mandature à la frénésie. J’ajoute que le fameux emprunt toxique risque en 2013 de nous coûter très cher.
Souhaitez-vous évoquer un autre sujet ?
Celui des fameux logements saisonniers me tient toujours à c?ur. On va confier à un promoteur, que je trouve peu fiable, un projet en apparence sociale et louable qui va devenir spéculatif. Puisque la convention prévoit qu’au bout de dix ans les bâtiments locatifs peuvent être vendus. Je ne comprends pas pourquoi personne ne m’écoute sur le sujet ? Croyez-moi, je vais poursuivre ce combat et les autres avec acharnement pour le bien de mes concitoyens.